Huis clos collectif
Le projet Huis clos collectif est une résidence collective dans le cadre de la résidence de commissaire d'Hugo Nadeau sous la thématique TROP DE RÉALITÉ.
Pendant trois jours, Le LOBE s'est transformé afin d'offrir une résidence collective d'artistes, de penseurs et de théoriciens en art actuel, d'une durée de soixante heures, en prenant la forme du Huis clos. En prolongeant l'idée du huis clos, un rituel qu'Hugo Nadeau articule à chaque début de résidence régulière au LOBE. Pour cette occasion, un huis clos collectif s'organise une nouvelle fois au LOBE avec sept artistes : Annie Baron, Eliane Pacha, Florencia Sosa Rey, Alexandra Sicotte, Sarah Jeanne Landry, Roger Langevin, Hugo Nadeau.
Artistes volontaires et principalement en provenance de la région (invités et sélectionnés par un appel de candidatures) se sont prêté·e·s au jeu du vivre ensemble et de la discussion sur l’art. Sans lumière extérieure ni repères temporels, le LOBE s’est transformé à cette occasion en lieu clos calfeutré où personne ne peut entrer. Ce rite hors du temps, créant une expérience unique, réfléchit l’idée même de l’approche de la résidence. Moment unique dans le parcours artistique, alimentant la recherche/création, tenant plus du processus de recherche que du résultat. Dans l’avenu d’une philosophie de résidence de création décomplexée, ce projet vise à générer des idées imprévues, engendrer une synergie et une complicité de pairs et inspirer les pratiques artistiques d’un ensemble d’individus. Une expérience de convivialité, de fraternité par le pouvoir transformateur du présent et l’accompagnement du souvenir. Une énergie particulière a été déployée par le biais de cette méthode alternative de pensée reconsidérant l’autonomie créative stimulant la fomentation et la contamination non hiérarchique entre artistes, penseurs et théoriciens en art actuel.
L’idée du Huis clos a été attractive et mystérieuse pour les participant·e·s, mais également pour les spectateur·rice·s – membres du LOBE. Cette expérience a ouvert de nouvelles perspectives de création pour les artistes. Il a été question d’explorer ce qui émerge, se modifie, s’éprouve ou cherche à se dépasser dans la perception de soi et des autres, du corps, de l’espace, du temps et de la mémoire.
Ce projet n’est pas inscrit dans notre programmation régulière, mais a permis de cultiver la recherche thématique « Trop de réalité » du commissaire Hugo Nadeau en résidence. Lors du projet de résidence collective en huis clos, le commissaire a pu accompagner les discussions, à jouer le rôle du médiateur et à coordonner un scénario d’activités avec le LOBE. Dans un jeu tautologique, les questionnements et les réflexions à la fois sur l’expérience vécue et sur la thématique « Trop de réalité » se sont articulés dans cette parenthèse « hors du temps ». Cette résidence, ouverte à tous, fait écho aux rencontres individuelles et échanges en huis clos entre le commissaire et les artistes sous sa thématique. Mais contrairement à ceux-ci, ce projet collectif ouvre ses réflexions et ceux des participant·e·s vers d’autres pistes, matières et connaissances.
L'ORGANISATION
Le LOBE a créé une logistique particulière pour l’événement avec le commissaire Hugo Nadeau. Le but a été de mettre en place un environnement à la fois neutre et à la fois rassurant pour les artistes-participant·e·s. La mise en place d’un accueil chaleureux s’est articulée par un « pack d’accueil » : oreillers, couvertures, draps, vaisselles, serviettes, nécessaire de toilette, carnet de note vierge, une trousse de secours pour chaque participant. Ainsi que la nourriture nécessaire pour les trois jours du Huis Clos Collectif. Ces éléments ont permis aux artistes d’obtenir un accueil chaleureux, mais également de développer des réflexions possibles sur la résidence de création, où le tout inclus permet de nommer la résidence comme une « cage dorée » dans un contexte tel que le huis clos collectif.
LA TABLE RONDE
À la suite de cette résidence, une semaine après la réalisation du Huis Clos Collectif, une table ronde a été offerte au LOBE pendant la Fête de l’art – spécial 25 ans. Cette édition des 25 ans a permis d’avoir un public très différent et un rayonnement important avec plus de 200 participants sur toute la journée et 30 personnes lors de la table ronde. La table ronde a dévoilé les rapports étonnants durant cette expérience pour les artistes, les inédits, les hasards et les heureux accidents de cette résidence collective. Le but a été de partager et de discuter sur les enjeux artistiques du projet et surtout de révéler au public l’expérience vécue par les participants. Le bilan de cette expérience a été significatif pour les participants et l’artiste-commissaire Hugo Nadeau, une rencontre collective unique, un espace-temps qui a permis d’être surpris par leur grande diversité de registres émotionnels et de forme.
Cette table ronde, a été également, l’occasion d’alimenter de nouvelles réflexions et questions thématiques variées: l’art est-il une expérience sociologique? Quelle est la part du privé et du public en art? Comment réfléchir l’art en collectif, en communauté?
Il a été aussi question de la pratique de l’infiltration, permettant à des gestes d’artistes de se poser dans le quotidien pour le changer, l’habiter ou même encore le magnifier. La table ronde a permis de comprendre les enjeux de telles pratiques sur l’espace, le territoire mais aussi de saisir comment les artistes travaillent à partir d’un contexte précis tels que le huis collectif. Il est important de souligner que ce qui reste de cette expérience, de ces pratiques infiltrantes s’effacent peu à peu et revit par la mémoire et la publication qui aura pour effet, entre autres, de la raviver. En effet, Hugo Nadeau, libre acteur des arts visuels, de la performance et de la poésie, a pu créer avec les membres du huis clos collectif un fanzine : Le Sauna-Rin 150 W qui illustre les diverses réflexions, environnements de cette expérience commune. Ce texte présenté comme un journal non linéaire, demeure plutôt anecdotique dans son contenu. Ce qui est intéressant pour ce projet, c’est l’idée de la trace et de la mémoire. Le parti de bâtir un événement tels que le huis clos collectif autour de pratiques infiltrantes et parfois invisibles permet de poser un regard autre sur le quotidien qui font émerger différentes questions sur une résidence de création, mais aussi sur l’artiste dans son espace de création.
Télécharger le fanzine LE SAUNA-RIN 150W
Huis clos | 11 au 13 janvier 2019
©Patrick Simard